Fin juin, le Conseil fédéral a esquissé le portrait d’un futur financier durable pour la Suisse. Son souhait ? Faire du pays l’un des principaux centres mondiaux de services dans ce domaine.
« Le changement est en marche depuis longtemps et la Suisse dispose d’un savoir-faire unique », expliquait récemment le ministre des finances Ueli Maurer à la presse. Pour que la Suisse devienne l’un des principaux centres mondiaux de services financiers durable, le Conseil fédéral et la branche ont donc présenté un rapport décrivant les pistes suivies pour y parvenir.
Treize mesures pour une Suisse plus durable
Selon le rapport, ces nombreuses mesures pourraient faire progresser le pays sur le chemin de la durabilité, notamment grâce à plus de transparence. Le secteur financier doit tendre vers plus de transparence envers ses clients, et « publier systématiquement des informations comparables sur l’impact climatique et environnemental des produits financiers et des entreprises », explique l’Agefi.
Les autorités ont également insisté sur le caractère essentiel de cette transparence pour lutter contre l’écoblanchiment. Car un produit vendu comme vert doit l’être vraiment.
La branche doit apprendre à évaluer les risques
Et plus particulièrement apprendre à évaluer correctement le prix de ces risques, liés à des catastrophes naturelles ou à des dépréciations de valeurs. Par exemple, les futures mesures sur le climat pourraient aboutir à une dépréciation de produits liés à de fortes émissions de CO2. Même si l’évaluation du prix des risques est très complexe, une régulation supplémentaire à ce propos n’est toutefois pas à l’ordre du jour.
Malgré quelques complexités, Ueli Maurer le ministre des finances en concède, la branche va déjà dans la bonne direction. Pour ce dernier, si l’on compte trois ans pour un projet de loi, il serait déjà dépassé à la fin du processus. Une approche et un rapport salués par les gestionnaires de fortune, les banquiers et les assureurs.
Quand la Suisse deviendra t-elle une référence ?
C’est la question qu’il est nécessaire de se poser selon le CEO de l’Association suisse des banquiers Jörg Gasse, et non pas si les banques comptent s’engager dans la voie du développement durable. À ses yeux, « l’impact des activités financière sur le réchauffement de la planète est le reflet de l’économie réelle, pas de branches en particulier », développe l’Agefi.
Un objectif de réchauffement limité
Pour Daniela Stoffel, secrétaire d’Etat aux questions financières internationales, il faudrait que chaque placement prenne en considération la durabilité. Ainsi, l’objectif d’un réchauffement limité à 1,5 ou 2 degrés pourrait être atteint. Dans tous les cas, pour les différents acteurs, la Suisse devra trouver des appuis et ne pas faire cavalier seul.
Maintenir la compétitivité helvétique
La durabilité des services financiers suisses doit être appréciable à l’échelle internationale. Pour cela, les autorités et le secteur suivent de près les développements internationaux, notamment dans l’UE, s’engagent dans le cadre d’initiatives internationales, et au sein d’organismes tels que le G20.
L’objectif ? Avoir une marge de manœuvre et suffisamment de réactivité pour maintenir la compétitivité helvétique.
L’assurance-qualité du secteur financier, condition sine qua non
Le secteur financier doit se distinguer par un personnel bien formé, qui pourra proposer des produits en adéquation avec les objectifs de développement durable.
Dans les limites de ses compétences, la Confédération peut, quant à elle, offrir son soutien avec néanmoins des réserves concernant l’élaboration de labels de durabilité crédibles. L’élaboration de ces labels relevant davantage de la branche.
Seule ombre au tableau, l’avis de Greenpeace et de l’Alliance pour le climat. L’UE travaille à une réglementation contraignante pour le secteur, alors que le Conseil fédéral mise sur sa bonne volonté. À leurs yeux, l’approche retenue n’est pas satisfaisante car le secteur financier pourrait apporter une contribution essentielle à la satisfaction des objectifs climatiques mondiaux.